Bois II
Elisabeth Filhol
Lorsqu'en 2009, la France est touchée par une nouvelle vague de séquestrations, la colère et la violence sont toujours là, mais les revendications ont changé, et le langage n'est plus le même. Les sites concernés sont pour la plupart des filiales de groupes internationaux, menacés de fermeture ou d'un plan de licenciement massif, sur un territoire en crise. La radicalisation du conflit, une fois relayée par les médias, augmente la visibilité et les chances pour les salariés de se faire entendre. Mais paradoxalement, la forte exposition médiatique nous renseigne peu sur la réalité de chaque situation, et quantité de questions restent sans réponse : que se passe-t-il à l'intérieur de l'usine, derrière la porte de la salle des négociations, quelles personnalités sont en première ligne, quels sont les ressorts de la mobilisation, le niveau réel de tension et les risques de dérapage, comment en est-t-on arrivé là ?
Le privilège de la fiction est de pouvoir forcer les grilles, se fondre dans le collectif, entrer dans le huis clos de la séquestration. Ils sont quatre-vingt sept, un matin de juillet 2007, rassemblés au milieu de la cour de la Stecma, des hommes et des femmes qui pour la plupart n'ont jamais vécu d'occupation d'usine. Dans quelques minutes, Guillaume Mangin, à la tête de l'entreprise depuis dix-huit mois, franchira le portail au volant de son 4x4 Mercedes noir, déterminé à liquider le site avant la fin de l'été.
On retrouve dans ce livre la méthode claire et concise qui faisait la force de La Centrale. Des faits, leur enchaînement, ce qu'ils disent. Des hommes et des femmes pris dans ces faits et aussi dans une histoire qui les dépasse mais qu'ils essaient de maîtriser.


Bois II
Elisabeth Filhol